mercredi 1 juillet 2009

Aiguille d'Argentière

Massif du Mont-Blanc

Seconde course de la saison, l'Aiguille d'Argentière est un sommet superbe. Pas tant par les difficultés techniques qu'il propose que par sa silhouette. Alternance de glaciers et d'arêtes rocheuses avec de nombreux gendarmes, cette montagne massive attire le regard. Notre ascension doit s'effectuer par la voie normale (glacier du milieu).
Rendez-vous donné à 15 heures au départ du téléphérique des Grands Montets, c'est a cet endroit et à cette heure précise que je retrouve notre guide, Marc (15 jours après les Dômes de Miages) et Stéphane qui sera la 3eme personne formant notre cordée. Au programme de la journée, montée au Grands Montets par le téléphérique et si les conditions sont bonnes, ascension de la petite aiguille verte par la facette nord pour une approche de la technique du piolet traction. Malheureusement la foudre étant tombée sur la gare d'arrivée du téléphérique des Grand Montets nous ne pourrons pas prendre le deuxième tronçon du téléphérique, faisant tomber à l'eau notre projet « petite Aiguille Verte ». Il nous faudra donc prendre le sentier partant de la gare de Lognan et menant au point de vue du glacier d'Argentière afin de pouvoir mettre pied sur ce glacier. Nous sommes tous les trois lourdement chargées. En effet nous devons transporter tout le matériel et la nourriture nécessaire pour un bivouac. En effet le refuge d'Argentière est fermée pour la saison pour travaux.
Le front plutôt tourmenté du glacier d'Argentière:

Première vue sur l'objectif du lendemain:

La remontée du glacier d'Argentière jusqu'au pied de l'Aiguille éponyme est très facile La plupart des crevasses sont soit bouchées ou alors bien visibles. Les premiers regards sur ce bassin glaciaire sont très impressionnants D'un coté L'Aiguille du Chardonnet, L'aiguille d'Argentière; de l'autre les célèbres faces nord du massif du Mont Blanc: Aiguille Verte, les droites, les courtes; et au font les deux dernières sentinelles qui sont le Mont Dolent et l'Aiguille du Triolet reliées entre elles par un véritable mur rocheux. En ces lieux l'expression « se sentir petit » prend tout son sens.

Mont Dolent:

Aiguille du Triolet:

L'emplacement du bivouac se trouve au pied de l'aiguille d'Argentière au niveau de la moraine latérale du glacier légèrement désaxé à gauche par rapport au glacier du milieu à 2600 m d'altitude. La soirée au bivouac est comme toutes celle-ci: monter des tentes, récupérer de l'eau et la faire bouillir afin de s'hydrater au maximum pour aider à la récupération et à l'acclimatation, et préparation au repas. Nous avons emmené deux tentes. J'en partagerai donc une avec Marc. Nous ne verrons pas âme qui vive ce soir. Avec le refuge d'Argentière fermé il faut dire que la fréquentation est faible. Cela change d'une nuit en refuge surchargé. Plus que jamais c‘est dans ces moment là que l'on « vit » la montagne.
 
Les Courtes (face nord):

Les Droites (face nord):

Nous nous lèverons à 5 h du matin pour un départ prévu à 6 h. Dur dur de sortir du sac de couchage et de la tente en haute montagne au petit matin. Grace aux conseils de Marc ( notamment pour les jambes) je n'ai en revanche absolument pas eu froid pendant la nuit. Le début de l'ascension se fait dans la rocaille de la moraine frontale du glacier du milieu. Après environ 30 min nous mettons pied sur le glacier. Le temps est splendide: totalement dégagé et une fois la marche commencée il ne fait plus froid.
 

400 m de couloir à 40 - 45 °:

Le début de l'ascension s'apparente à une randonnée glaciaire sur un glacier très sec tout en glace. Il faut trouver notre chemin au milieu des crevasses. Tranquillement nous prenons de l'altitude en faisant attention d'économiser nos mollets qui seront soumis à rudes épreuves lorsque nous serons dans le couloir. Lorsque nous le voyons pour la première fois, celui-ci ressemble avec les perspective à un véritable mur de glace et de neige.
La rimaye passera bien et donc personne ne souffrira du « mal des rimayes» qui pousse certains alpinistes quelque fois à avoir l'envie irrépressible de rentrer à la maison. L'ascension du couloir demande un engagement physique assez intense, en partie dû au fait que l'on se trouve au dessus de 3500 m et que je ne suis pas vraiment acclimaté. Cependant les conditions de neige sont excellentes permettant de pratiquer un cramponnage mixte efficace. Arriver en haut du couloir, on bifurque vers la droite et suite à un dernier ressaut demandant de la vigilance nous parvenons au sommet: 3901 m.

Marc au sommet de l'Aiguille d'Argentière:

Stéphane et moi arrivant au sommet:

Face nord des Courtes, Droites et Verte et Mont Blanc au dernier plan:

Aiguille du Tour:

Sommet corniché de l'aiguille d'Argentière:

Nous sommes arrivés au sommet vers 9 h 45, et après avoir s'être félicité, fais une petite pause et pris quelques photos, nous entamons la descente et il faut tout de suite se reconcentrer car la descente est bien souvent plus délicate que la montée. La gestion de l'effort à la montée prend toute son importance alors, car elle permet de garder la lucidité nécessaire à se moment là.
Nous rejoindrons le camp vers 12 h 30 et après s'être restauré et avoir démonté les tentes nous sommes repartis en direction de la gare de téléphérique du Lognan. L'orage menaçant nous ne perdrons pas de temps sur le chemin du retour et arriverons aux bennes vers 16 h.
    
Course de glace - neige de cotation PD+ a AD selon les conditions avec pente de 400 m. à 40 - 45 ° . Altitude max =3901 m.